Cryptomonnaies : l’Algérie dit non

Cryptomonnaies : l’Algérie dit non

Depuis quelques jours, un débat refait surface en Algérie : celui des cryptomonnaies. Une nouvelle loi vient d’être publiée et elle confirme la position du pays. Les monnaies virtuelles, comme le Bitcoin, sont formellement interdites. Pas de minage, pas d’achat, pas de vente, ni même de simple détention.

Une interdiction qui ne date pas d’hier

Ce n’est pas nouveau. Depuis 2018, l’Algérie interdit déjà les cryptomonnaies à travers une disposition de la loi de finances. L’objectif est clair : éviter les risques liés au blanchiment d’argent, à l’instabilité financière et protéger la monnaie nationale.

La nouvelle loi, publiée en juillet 2025, va encore plus loin. Elle interdit aussi la promotion des cryptomonnaies et cherche à mieux surveiller les flux financiers. Elle s’inscrit dans une démarche plus large pour lutter contre le financement du terrorisme.

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Une réponse aux pressions internationales

Ce durcissement vise aussi à répondre aux recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), un organisme international qui surveille la lutte contre l’argent sale. L’Algérie est actuellement sur la « liste grise » du GAFI. Cela signifie que son système financier fait l’objet d’un suivi renforcé.

En renforçant sa législation, le pays veut montrer sa volonté d’agir et espère sortir de cette liste.

Un dinar numérique en préparation

En parallèle, l’Algérie travaille sur un autre projet : le dinar numérique. Il s’agit d’une monnaie digitale officielle, émise par la Banque d’Algérie. Contrairement aux cryptomonnaies classiques, cette monnaie serait entièrement contrôlée par l’État.

Le but est de moderniser les paiements, favoriser l’inclusion financière, et accélérer la transformation numérique du pays.

Certains experts estiment que cette initiative est une réponse directe aux cryptomonnaies. Selon Ali Kehlane, spécialiste des TIC, les banques centrales veulent aujourd’hui reprendre le contrôle en créant leurs propres monnaies numériques.

Une stratégie à double tranchant

Mais cette position ferme pose question. En interdisant totalement les cryptomonnaies, l’Algérie risque de freiner l’innovation, notamment dans le secteur des FinTech. Des startups locales pourraient être poussées à se tourner vers des solutions non officielles, ce qui augmente les risques au lieu de les réduire.

Alors que de nombreux pays choisissent d’encadrer sans interdire, l’Algérie fait le choix de la fermeté totale.

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Quelle place pour la finance numérique en Algérie ?

D’un côté, l’interdiction vise à protéger l’économie. De l’autre, elle peut freiner le développement technologique du pays. Le dinar numérique montre une volonté d’avancer, mais il faudra trouver un équilibre entre sécurité et ouverture à l’innovation.

L’Algérie ne prend-elle pas le risque de rater le train de la blockchain et de la finance numérique ? Le futur nous le dira. Mais dans un monde qui avance vite, rester trop fermé pourrait coûter cher.