Les bijoux émaillés de Kabylie pourraient bientôt rejoindre la grande famille du patrimoine culturel immatériel mondial. L’Algérie a officiellement soumis leur candidature le 31 mars 2025. Verdict attendu l’an prochain.
Le ministère algérien de la Culture et des Arts a transmis le dossier à l’UNESCO depuis le Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et histoire. Chercheurs, artisans, musées et associations locales ont uni leurs forces pour défendre ce savoir-faire millénaire. Objectif : inscrire « l’art de décorer les tenues féminines avec des bijoux en argent émaillé de Kabylie » sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Un langage de couleurs et de formes
Fibules, colliers, pendeloques : chaque pièce raconte une histoire. Le bleu profond évoque l’eau et le ciel, le vert célèbre la nature, le jaune rappelle le soleil, le rouge porte la vie. Sur l’argent, ces teintes dialoguent avec des motifs géométriques ou floraux qui servent de véritable code culturel. Transmis de mère en fille, le geste mêle la précision de l’orfèvre et la patience de l’émailleur.
Lire aussi : La robe kabyle moderne menace-t-elle la robe traditionnelle ?
Un patrimoine collectif, au féminin
Dans les villages kabyles, l’émail n’est pas l’affaire d’un seul artisan. Orfèvres, brodeuses, stylistes et gardiennes de la mémoire travaillent main dans la main. Vous le verrez : chaque bijou posé sur une robe de fête exprime l’identité d’un clan, l’esprit d’une vallée, la joie d’une célébration.
Une reconnaissance mondiale offrirait un souffle nouveau aux ateliers kabyles, souvent concurrencés par les productions industrielles. Tourisme culturel, circuits patrimoniaux, ventes équitables : les retombées économiques peuvent être durables si elles respectent l’authenticité du geste. Pour les communautés locales, c’est aussi l’occasion de réaffirmer leur rôle clé dans la transmission de la culture.
Le comité de l’UNESCO rendra sa décision l’an prochain. En attendant, les enclumes résonnent encore dans les montagnes, et le feu des fours continue de faire danser les couleurs sur l’argent. Une tradition vivante, prête à briller sous les projecteurs du monde.
