Rahim, une voix kabyle à jamais gravée dans les mémoires

Rahim, une voix kabyle à jamais gravée dans les mémoires

Rahim a marqué la chanson kabyle de sa voix douce et chaleureuse. Né en 1963 à Ath Aïssa Mimoun, ce chanteur à la sensibilité unique a su toucher plusieurs générations avec ses mélodies sincères et ses textes profonds. Parti trop tôt en 2010, il laisse derrière lui une œuvre intemporelle qui continue d’émouvoir ceux qui l’écoutent encore aujourd’hui.

Enfance et premiers pas

Rahim, de son vrai nom Rahim Mohammed, naît le 7 décembre 1963 à Ath Aïssa Mimoun, un village perché dans les montagnes de la Grande Kabylie.

Dès l’école primaire d’Ighil Bouchène, il se fait remarquer pour son goût du chant. Il interprète des airs pour ses camarades de classe et ses professeurs, avec un naturel désarmant.

À onze ans, un simple échange scelle son destin. Il troque un ballon contre la petite guitare en plastique de son oncle. Les débuts sont hésitants, mais il apprend vite. Au lycée Colonel Amirouche de Tizi-Ouzou, il compose sa première chanson, Taâkumt, et découvre qu’écrire et chanter est plus qu’une passion.

Le départ vers la France et les débuts professionnels

En 1982, Rahim enregistre une première cassette à Azazga. L’enregistrement est imparfait, mais cette première expérience lui ouvre l’appétit.

Le 13 janvier 1984, il quitte l’Algérie et s’installe à Paris. Là, il rencontre le chanteur kabyle Fahem, qui devient un mentor. Ensemble, ils enregistrent son premier album Lsas dans un studio de Nogent-sur-Marne. Cet opus lui permet de sortir de l’anonymat.

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L’ascension sur la scène kabyle

Le véritable tournant arrive en 1986 avec l’album Zaâbala, qui le propulse sur le devant de la scène kabyle. D’autres albums suivent et renforcent sa popularité, notamment Ahlili ahlili en 1990.

En 1995, Rahim connaît un immense succès avec la chanson Iya ad am-inigh, interprétée en duo avec Yasmina. Ce titre, à la fois tendre et engagé, parle d’amour contrarié et de la réalité sociale des jeunes Algériens dans les années noires. Il devient un classique de la chanson kabyle.

Vie personnelle et projets familiaux

Derrière l’artiste se cache un homme discret et chaleureux. Après un premier mariage avec Fateha, Rahim rencontre Hamida, qui deviendra sa compagne et collaboratrice artistique.

Ensemble, ils s’installent à Montereau-Fault-Yonne en France. Ils auront deux enfants, Massy en 1997 et Tafat en 1999.

Hamida participe à ses côtés à deux titres de son album Hader iman-im, signe d’une belle complicité artistique et personnelle.

Un artiste resté proche de son public

Même s’il produit moins d’albums dans les années 2000, Rahim reste présent sur scène. Ses chansons continuent de circuler et d’émouvoir toutes les générations. Peu de temps avant sa mort, il se produit encore lors des journées culturelles de Tizi Ouzou à Adrar, preuve de sa passion intacte.

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Disparition et héritage

Rahim s’éteint le 13 février 2010 à Tizi Ouzou, victime d’une crise cardiaque. Il avait 46 ans. Sa disparition bouleverse la Kabylie et toute la diaspora kabyle. Une foule immense assiste à ses funérailles dans son village natal d’Imkechren, parmi laquelle de nombreux artistes venus lui rendre hommage.

Rahim laisse derrière lui des chansons qui continuent de résonner dans les cœurs. Sa voix douce et chaleureuse fait désormais partie du patrimoine musical kabyle, et son souvenir reste vivant auprès de ceux qui ont grandi avec ses mélodies.