En Algérie, Yennayer est devenu un jour férié officiel depuis le 12 janvier 2018, suite à une décision présidentielle annoncée fin 2017. Cette fête, célébrée par les Berbères depuis des siècles, marque le Nouvel An amazigh. La veille, on prépare « imensi n yennayer », un dîner festif où famille et amis se rassemblent pour accueillir la nouvelle année.
Yennayer, un nouvel an aux origines historiques
Yennayer marque le début de l’année dans le calendrier agraire berbère, utilisé depuis des siècles pour organiser les travaux agricoles. Ce calendrier a été officialisé comme « Nouvel an amazigh » en 1980 par l’Académie berbère. Pourquoi cette date ? Les Berbères ont choisi l’an 950 avant J.-C. comme point de départ. Cette année correspond à l’intronisation du roi berbère Sheshonq Ier comme pharaon d’Égypte. Ce choix met en lumière un moment clé dans l’histoire amazighe.
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Un dîner de partage et de symboles
La veille de Yennayer, les festivités commencent avec « imensi n yennayer », qui signifie « le dîner de Yennayer ». Ce repas est un véritable festin préparé avec soin. En Kabylie, le plat principal est le couscous, souvent accompagné de viande de volaille ou de viande séchée. Ces aliments ne sont pas choisis au hasard. Les plats qui gonflent à la cuisson, comme les bouillies ou les légumes secs, sont vus comme un signe d’abondance et de prospérité pour la nouvelle année.
Les desserts sont tout aussi symboliques. On y retrouve des fruits secs comme les figues, les abricots et les noix, issus des récoltes précédentes. Ces provisions sont conservées dans des cruches en terre cuite, un savoir-faire ancien. Ce repas est aussi un moment de communion. Toute la famille se rassemble autour du plat principal, partageant à la fois la nourriture et l’espoir d’une année fertile.
Préparatifs et rituels
En Kabylie et dans les Aurès, les préparatifs commencent bien avant le jour de Yennayer. Les maisons sont nettoyées de fond en comble et parfumées avec des herbes et des branches d’arbres, comme le pin. Ce nettoyage symbolise un nouveau départ. Les enfants participent aussi à leur manière. Ils fabriquent des masques et se déguisent pour parcourir les ruelles des villages. De maison en maison, ils demandent des friandises comme des beignets (sfendj) ou des feuilletés de semoule (lemsemmen). Offrir ces douceurs n’est pas seulement un geste de générosité : c’est un rituel destiné à attirer la chance et les bénédictions pour l’année à venir.
Une fête pleine de sens
Yennayer ne se limite pas à un bon repas ou à des traditions locales. Dans certaines régions, comme la Kabylie, cette fête marque aussi la fin des labours et le milieu de la saison humide. Les agriculteurs utilisent ce moment pour prédire la récolte à venir. Dans d’autres régions berbérophones, on retrouve des jeux et des rites spécifiques. À Tlemcen, par exemple, un carnaval célèbre le retour des morts sur Terre. À Ghadamès, les femmes participent à des jeux traditionnels avec des os. Ces pratiques, parfois mystérieuses, rappellent l’importance des liens entre les vivants et l’invisible.
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Un patrimoine partagé
Si Yennayer est une fête profondément ancrée en Algérie, elle est aussi célébrée dans d’autres pays d’Afrique du Nord, comme le Maroc. Chaque région ajoute sa touche personnelle, mais l’esprit reste le même : célébrer l’arrivée de la nouvelle année avec des rituels qui honorent la nature, les ancêtres et la communauté.
En rendant Yennayer officiel, l’Algérie a offert à cette tradition une reconnaissance nationale. Mais pour ceux qui la célèbrent depuis toujours, Yennayer est bien plus qu’une date sur le calendrier. C’est un moment de transmission, où les anciens partagent leurs histoires et leurs savoirs avec les plus jeunes. C’est aussi un instant d’espoir, où l’on souhaite que l’année à venir soit pleine de bonheur, de santé et d’abondance.
Yennayer reste une célébration vivante, un pont entre passé et présent, qui continue de rassembler et d’enrichir les générations.
